Le site avec une chaussure noire.
Alien Breed 2
Team17 - 1993
J'y vais, mais j'ai peur par Clence_tum

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il y a des choses comme ça qui reviennent toujours. Immuables. On les croit mortes et enterrées, on se dit à chaque fois qu’il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant, mais c’est une erreur. Les exemples ne manquent pas. La belle-famille, les communistes, les sondeurs à la sortie du métro, le rock français, les chinois, Pascal Sevran (ah non, merde)… et les méchants extraterrestres bien sûr. A quoi bon lutter ?



C’est probablement ce que se sont dit les petits britons de Team 17, par un matin de novembre brumeux comme on en connaît tant dans la morne lande anglaise. En effet, pourquoi s’enquiquiner à inventer un nouveau concept à chaque jeu ? Tout le monde sait que l'humain a horreur de la nouveauté, même s'il aime à prétendre le contraire, demandez donc à Pascal Sevran ce qu’il en pense. Bref, le brainstorming autour d’une table du Waterloo pub n’a pas dû durer bien longtemps pour les développeurs anglais quand ils ont décidé de se lancer dans Alien Breed 2, vu qu’il pourrait se résumer à « Alien Breed, 2 ». Oui je sais, c’est une bonne chose que je ne sois pas payé pour écrire ça.



Mais en fait, on s’en fout. Un jeu n’a pas à être original, un peu comme cette jeune fille rencontrée un soir de misère dans une boite de province, on ne lui demande pas de réciter Tite-Live dans la langue mais seulement de nous prêter son corps le temps d'une nuit pour nous permettre d’oublier la détresse de la condition humaine dans la moiteur d’une aisselle mal rasée. Vous me comprenez. Non. Bon. Autre exemple. Alien Breed, c’est comme le rock américain au tournant des années 90 et 2000, c’est gras, c’est toujours la même chose, on comprend rien, c’est pas malin pour deux sous mais ça ne nous empêche pas de gueuler comme un putois qu’on assassine tout en se trémoussant les poignées d’amour : « I’m gonna be just a mahaheumaha, it’s my liiiiiiiife and it’s now or never, are you gonna meumeuneumeuneu ».



Enfin bon, voilà quoi, me faites pas chier non plus, c’est vrai, quoi, à la fin ! Je ne vous ferais pas l’audace de vous parler d’un quelconque scénario. Retenons juste qu’une nouvelle fois, les aliens ont débarqué et ont repeint les murs d’une quelconque station de recherche perdue sur une planète paumée (dans la Creuse profonde, par là) avec les divers fluides organiques des humains qui se trouvaient là. Et aussi avec Pascal Sevran, c’est vous dire les salauds. Heureusement, nous autres les terriens, on ne plaisante pas avec ces choses-là, au moindre problème on envoie une task-force lourdement armée et compétente. Dans le cas présent, deux hommes. Le drame des retraites anticipées. Vous feriez mieux d’arrêter de vous plaindre des fonctionnaires en surnombre, le jour où des monstres gluants vous boufferont la tête vous serez bien contents qu’on vienne vous chercher. Mais je m’égare, par Dieu.



Le jeu se déroule toujours en vue de dessus, et consiste toujours à se déplacer du point A à un point B en affrontant entre les deux des hordes de trucs moches avec des dents à ne plus savoir qu’en faire. S’il fallait résumer Alien Breed à une phrase, ce serait « OHMONDIEU ILS ARRIVENT ILS SORTENT DES MURS ILS SONT TROP NOMBREUX JE AAAAAAAAAH !!!». Imaginez Gandalf qui vous lit le bouquin dans la Moria, sauf que les gobelins ont été remplacés par des aliens qui transpirent du plomb en fusion et qui tirent des missiles à concussion. Car oui, petite innovation, maintenant les méchants vous attaquent à distance. Heureusement donc que les terminaux du premier épisode sont toujours là pour vous prodiguer soins, munitions et armes en échange d’un dédommagement pécunier.

Donc c’est tout pareil. Non, évidemment j’exagère, les niveaux sont plus grands, plus fouillés et plus nombreux.

Mais il est temps de répondre à la question que tous les français se posent : non, Nicolas Sarkozy ne va pas s’envoler lors du défilé du 14 juillet grâce à un moteur d’Ariane 5 miniaturisé dans ses talonnettes, en faisant des bruits de motocyclette avec sa bouche et en battant des bras.



Comment? Ah bon. Je reprends, alors: non, Alien Breed 2 n’est pas plus dur que le premier. Il est même plus facile. Il faut dire que son illustre prédécesseur faisait aussi mal qu’un obus de 88 dans les fesses, ce qui n’est pas peu dire, demandez donc au maréchal Montgomery qui n’a pas toujours eu cet air contris sous sa moustache toute militaire… mais bref. Comme je l’ai déjà dit, les niveaux sont plus grands, mais on s’y perd beaucoup moins facilement, ce ne sont plus les enchevêtrements de couloirs improbables du 1. De plus, chacun a son identité propre, prenons par exemple le niveau de détente avec sa piscine et son terrain de foot… C’est mignon tout plein, on dirait la maison Playmobil de la série « belle époque », mais avec la femme de chambre en tapisserie et les enfants collés au plafond.



Mais il ne faut pas exagérer plus qu’il n’est raisonnable, Alien Breed 2 reste un jeu de haute volée qui ne vous livrera pas ses secrets avant un nombre indécent de nuits passées dessus. Le premier était un Gauntlet du survivant de l’enfer de la mort de la jungle vietnamienne, celui-ci se rapproche plus du vrai survival-horror, ou même d’un Half-Life avant l’heure. L’ambiance est toujours au rendez-vous (contrairement à Pascal Sevran), à savoir qu’on lutte pendant une heure en repérant les chemins les plus courts entre vie supplémentaire et médikit, slalommant entre les ennemis, ne tuant que ceux qui empêchent vraiment de passer, quand tout à coup, alors que Mike n’a plus qu’un bras, un demi-litre de sang et quinze balles dans le chargeur, on aperçoit la sortie, la fin du niveau, la lumière, la Vie, Scarlett Johansson. On oublie toute prudence, on fonce, on brûle les dernières cartouches, on y croit, on a déjà le cul à demi-levé de la chaise pour le moment où on se redressera les bras au ciel en hurlant victoire, quand soudain, le drame, le nuage dans le ciel d’été, le trou dans la capote : il reste quatre portes à passer, et on n’a plus que trois clés pour les ouvrir… ou l’angoisse indicible de l’Homme qui se rend brutalement compte de la vacuité de son existence, l’impression de se retrouver nu sur les falaises d’Etretat en plein hiver, bref le caca mou dans le caleçon.



Heureusement, pour ne pas s’enfumer tout seul, on peut toujours jouer à deux en coopératif. Même si en solo le jeu est déjà bien plus amusant qu'un Pascal Sevran décédé, c’est bien évidemment à deux qu’on en saisit toute la quintessence: quand on est acculé dans une impasse sombre par un truc visqueux, on est bien content d’avoir un pote pour nous tirer d’affaire. Bien sûr il arrive aussi que ce pote oublie de vous suivre, et que vous vous retrouviez coincé sur le bord de l’écran sans possibilité de voir les aliens arriver, mais ça c’est votre problème, il fallait écouter votre mère et mieux choisir vos amis.



Un petit mot sur la plastique du jeu pour finir en beauté. C'est fantastique. Une merveille de pixel-art sur Amiga, surtout avec la version taillée pour le chipset AGA. Plus détaillé que son prédécesseur, plus cohérent, Alien Breed 2 pèche par contre par son absence totale de musique. D'aucuns diront que de toute façon, la musique c'est bon pour les jeux de ravioles qui ne monopolisent pas l'intégralité de votre cerveau pour la synchronisation oeil-main, mais je me garderais bien de cautionner un point de vue aussi extrême.



Bref, Alien Breed 2 n'a pas inventé la poudre, mais il est plus beau, plus grand, plus maîtrisé, plus plus que le 1. Pour illustrer cela, imaginez vous au collège, vous venez de connaître votre première langue en bouche avec la petite Lison, 4ème B, vous avez l'impression d'être tombé sur la femme fatale. Et puis un beau jour, paf, vous rencontrez sa grande sœur et vous vous rendez compte que la vie a encore beaucoup, beaucoup à vous offrir.
Le point de vue de César Ramos :
Comme tous jeux amiga : peu cher, présent en lots...