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Tensions
ERE - 1986
Les pacemakers sont admis par AyunO

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Pour une première critique il est rare que l’on choisisse un jeu de merde. Enfin quoique… Oui car, comme tout oldie, une question me taraude lorsque je relance un jeu perdu qui m’avait laissé un bon souvenir : « Est-ce que ce jeu a aussi bien vieilli que moi ? » (oui le oldie est comme le bon vin, il vieillit bien, enfin je parle de l’élite vous m’aurez compris, désolé pour toi ami internaute).



Tensions est de cette trempe là. Edité en 1986 par ERE, société française ô combien regrettée, ce jeu a tout d’un grand. Pour faire court, Tensions est LE jeu de poker de l’amstrad, voir le meilleur toute plateforme confondue (n’ayons pas peur des mots comme le dirais si bien le sympathique Samuel Etienne).
Je m’explique. Ici pas la peine d’avoir Patrick Bruel à ses côtés pour comprendre les règles, c’est du bon vieux poker à l’ancienne comme lorsque l’on y jouait avec nos cousins gamins l’été (cinq cartes distribuées au départ puis possibilité d’en échanger une fois). A cette époque on devait trimer pour trouver des objets de différentes formes en guise de jetons. Bon une fois adulte on apprend des règles plus rigolotes et nos simples vêtements suffisent pour jouer. De plus comme pas mal de jeu de poker de cette époque, il dérive rapidement en strip poker, mais ici pas la peine de battre l’ordinateur pour pouvoir se rincer l’œil (si ce n’est que l’œil), vous aurez droit à un strip tease pixellisé gratuit pour toute partie engagée ! Mais tout cela n’est qu’un rapide aperçu de ce qui vous attend.



Bref, après sélection de notre langue maternelle, un écran titre temporaire apparaît et nous donne toute suite le ton, avec une image d’une vieille boite à strip tease poisseuse dans un quartier qu’on imagine miteux avec des gens peu fréquentables, et avec Starsky et Hutch pouvant débarquer à tout instant pour situer l’époque. J’exagère mais l’esprit est là. Je sens déjà ton excitation monter lecteur à l’idée de te vider les bourses (nous parlons de fric donc vous pouvez rangez vos mouchoirs), mais patience, cela vient ! (le test, pas votre jus…)



Après cet écran, nous avons accès aux différents menus du jeu. Assez bien structurés, assez bien construits, et au nombre ahurissant de… Deux. En effet R.Willm, le programmeur, avait déjà anticipé le futur et l’aliénation de bon nombre de gamers par des jeux tels que Pokemon ou Hamtaro : Ham Ham Games (très sains au demeurant, enfin tant qu’ils restent dans leurs emballages) et a donc eu pitié de leur peu d’autonomie restante en créant un menu de lancement rapide, ou plus exactement « une partie standard », avec donc des règles prédéfinies, pour découvrir le soft sans se prendre la tête.



Mais pour les têtes brûlées du poker, pour les vieux routiers qui à eux seuls ont mis en faillite plusieurs casinos et qui en ont profité pour se lancer dans le proxénétisme de masse, pour ces gars qui mettent à genoux Patrick Bruel et qui l’obligent à passer sous le bureau pour ne pas que cela s’ébruite, oui pour tous ces gars sévèrement burnés, un deuxième menu a été pensé, permettant de régler différents paramètres de la partie. Pour être un peu exhaustif (il faut bien arrêter de faire le con à un moment dans une chronique… Un tout petit peu), on nous propose donc deux niveaux de difficultés pour l’IA, le choix du nombre de joueurs total de la partie et du nombre réel de ces derniers (pour jouer à plusieurs donc, petit rappel pour celui qui se tripote au fond), du choix du nombre de cartes, du montant de la cave (l’argent déjà présent sur la table), du montant du blind (non on ne parle pas d’une chanson de Korn mais de mise), du mode de distribution des cartes et enfin de la vitesse de jeu (quand je vous dis que le créateur avait tout prévu, même de la lourdeur de l’amstrad !). Vous me suivez toujours ? Oui je vous avais prévenu ce menu est réservé aux têtes brûlés, une expression à prendre au premier degré (allez pan, deux allusions avec l’aide du même mot, on m’arrête plus… Comment ? Mais si avec brûlés et degrés ! Si vous vous arrêtiez de vous tripoter comme l’autre aussi !).



Bon pour les précoces votre mouchoir est déjà souillé (ou votre clavier dans le pire des cas) du à la longue attente du démarrage du test proprement dit. Et bien c’est bon, vous n’avez plus qu’à choisir un nom, et à vous les plaisirs du déflorage de jeunes pucelles en perdition, noyées par tous ces termes techniques que je viens de vous expliquer (« vous être un winner » maintenant, comme Mr Pringle si si).



Vous arrivez donc sur le jeu à proprement parler. En haut de l’écran se trouve vos trois adversaires (si vous en avez sélectionné autant), et au milieu la table, modélisée par un magnifique mais sobre fond noir. Mais ceci est encore loin de rivaliser avec la représentation des statuts des joueurs (nous renseignant si le joueur a misé, s’il s’est couché, etc.), un simple rectangle orange cramoisi que seul l’Amstrad peut reproduire, mais qui est au moins en adéquation avec le reste des graphismes. Car en effet l’accent est mis sur le côté poisseux typique des bars, avec donc cette couleur orange qui fait écho au mauvais éclairage qu’on y trouvait.



De plus la musique renforce cette idée. En effet en l’écoutant en se croirait vraiment dans le film « Le Parrain ». Car oui j’ose le dire, l’Amstrad aura au moins connu un jeu avec une bande sonore correcte, et cela de la chanson du menu à celle des phases de jeux. L’effet est réussi, la mélodie pas trop répétitive, et si l’on ferme les yeux ont peu même se faire bercer par un doux nuage de fumée, plus ou moins composé de tabac.



Pour coller à l’image cosa nostra que veut se donner ce titre, il a donc fallu appliquer une certaine discrimination positive pour qu’ainsi vos adversaires soient tous d’origines plus ou moins italiennes, mais ça vous le verrez assez vite ! (j’espère ne pas trop flatter ton intelligence internaute en disant ça, enfin si tu me lis c’est déjà bon signe).



La prise en main est aisée, avec seulement deux touches à utiliser, espace et entrée. Je vous fais grâce du clavier numérique dont vous aurez bien entendu besoin pour miser. Les phases de jeux sont claires et limpides, entrecoupées de scènes de strip tease pour décompresser un peu (que l’on peu quitter en pressant echap, car les putes ça va cinq minutes, mais quand on a plus beaucoup de tunes on pense à autre chose !). Et pour ne rien gâcher l’IA est très bonne et vous réserve des parties serrées, surtout si vous n’avez pas de main ! (oui c’est ta mère qui se les prend). Exemple de coup fourbe ? Un joueur contrôlé par l’ordinateur peut très bien se dire « servi » et donc ne pas vouloir échanger de cartes, et n’avoir en fait que deux paires et non une quinte ou un full, qui eux monopolisent bien cinq cartes…



Mais ce qui est le plus agréable avec ce jeu, c’est l’humanité qu’il s’en dégage, et c’est là que la créativité de l’époque ressort. En effet avec de simples petits bouts de codes en basic, il faut ruser… Ainsi, tous vos adversaires ont des tiques, ou plus exactement des expressions faciales (non non je ne m’abaisserai pas à faire une allusion aux films passant le premier samedi du mois…) et pour différents sentiments : la joie, le dédain, la fierté (oui après une victoire leurs yeux décrivent assez fidèlement le « hé, qu’est-ce que je t’ai mis blaireau ! »). Pour renforcer d’avantage cette humanité, chacun des personnage à une animation particulière lorsqu’il franchit la zone rouge, c'est-à-dire moins de 30 $. On s’attache alors d’autant plus aux différents personnages (allant de la femme fatale Lady X à la petite frappe sournoise Aldo) et le plaisir est donc bien plus grand pour leurs faires cracher leurs derniers dollars !
Mais ce jeu a aussi un aspect comique indéniable, porté par son mode multijoueur. En effet pour prendre pleine mesure de son inutilité, imaginez une partie d’Advance Wars à deux sur une même GBA en mode brouillard de guerre… Bref ici c’est exactement la même chose, le jeu de chaque joueur étant affiché en plein écran il est vraiment trop aisé de tricher, même sans le vouloir (d’un autre côté c’est plus facile ainsi pour piler son frère, en espérant qu’il ne me lise pas).



Pour conclure, Tensions est un jeu qui n’a pas perdu de son intérêt malgré le poids des années, et qu’il fait toujours bon lancer de temps en temps, juste pour se détendre, un peu comme un bon vieil épisode de Papa Schultz en somme.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, comme d'habitude avec l'Amstrad.