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Way of the Exploding Fist (the)
Melbourne House - 1985
Pan, dans les ratiches par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Waw, ce nom… Prononcez-le en hurlant genre « Ouaaiiis offf zeeuuu exxxxploding fisteuuuh ». Ça claque, comme un fouet sur les fesses d’un esclave, comme une Ferrari au soleil. Pour les non anglophiles, ce titre pompeux se traduit par « la voie du poing explosif ». Vraiment puissant. Immédiatement l’inconscient se met en branle. On sent tout de suite le Bruce Lee junior lâché dans les rues de Tokyo ou de n’importe où pour venger la mort de son père, maître cordonnier de son état. Le père était bien évidemment honnête, brave, payait ses factures à temps, traitait les gens avec respect et les gens le lui rendaient bien. Il était beau, hardi à la tâche, donnait des bonbons aux enfants qui lui attachaient ses lacets en rigolant, et il rigolait lorsqu’il se cassait la gueule de son tabouret à cause de la blague des petits galopins, blague qui avait eu le malheur de faire tomber les centaines de chaussures que les gens lui confiaient, chaussures qu’il rangeait en riant toujours de cette bonne blague idiote mais fraiche, le tout vêtu de ses dents blanches. Et ils sont venus. Les méchants. La police a bien entendu essayé d’étouffer l’affaire, mais le fils est un acharné. Il doute du fait que son père se soit suicidé en se tranchant tous les membres avec une figue molle pour ensuite se tirer 4 balles dans le torse et une dans le front. Il doute et il agit. Et c’est vous et votre Amstrad qui allez vous y coller.



Non. C’était une boutade (de Dijon). Si le cordonnier est mort, vous n’en avez ici strictement rien à faire. Si j’étais fantaisiste je dirais que vous n’en avez rien à cirer. Mais je déteste l’humour sous toutes ses formes, donc je me tairais. Ici, vous n’allez jouer qu’à un jeu de karaté dans sa plus simple expression. Et comme vous êtes sur Amstrad, c’est du top niveau. Pas d’écran titre, un décor, 3 personnages. Un bip d’introduction et c’est parti pour le meilleur, et surement le pire.



Après le bip qui simule habilement un gong pour simuler le début du combat, vous êtes la comme une nouille. Rien ne vous a pour le moment indiqué ce pour quoi vous étiez ici. Vous voyez un psychopathe avec un kimono bleu très moche avancer vers vous, sauvagement, le regard haineux. Il arrive et vous colle une bonne mandale. Et votre joueur en raviole avérée s’écroule. Ok, je sers le karaté et c’est ma joie. Poursuivons. Le deuxième match démarre alors. Soudain vous pensez que cette histoire de cordonnier était le paradis comparé à ce que vous avez devant vous. Le néant.



Puisque vous venez sûrement de vous manger une deuxième rouste, admirez le paysage. La cité interdite version Amstrad en décor, et le caillou. Je l’ai toujours appelé ainsi, ce maître chinois. Il ne bouge jamais, ne bougera désormais jamais plus. Il est soudé pour l’éternité dans la matrice. Flippant. Imaginez ce pauvre homme, assistant toute sa vie à des matchs de karaté dans un décor aux couleurs criardes, à la netteté douteuse. Il ne connaitra jamais la joie d’une tartine de tarama, ou les jeux à boire, ni l’exposition à Beaubourg sur le dadaïsme, ni Juliette Gréco. Il est irrémédiablement coincé dans la cité interdite, à regarder toujours du même côté, figé dans son immobilisme, ou dans un terrible torticoli. Vraiment flippant.


"Qu'est ce que je m'emmerde..."


Puisque le décor est hideux, essayez de jouer, au moins une fois. Le match commence. Vous appuyez sur le bouton. Le joueur tente une claque dans le vide. Pathétique. Il a en apparence l’énergie d’une huitre morte sous le couteau du poissonnier. Tentez alors diverses combinaisons, comme bas + une direction, haut + une direction. Notre paraplégique va alors tenter divers mouvements, allant du brassage d’air à la galipette aérienne. Impressionnant de fluidité… Ca y est le but est évident ! Mettre à terre le psychopathe en bleu !



Fier de vos nouvelles techniques, vous approchez le monstre sanguinaire qui lui aussi est apparemment là pour l’éternité. Vous vous approchez de lui. Il vous regarde de son pixel noir de haine. Vous le claquez. Il tombe. Vous gagnez un point. Et le match redémarre. Puis vous vous rapprochez, vous lui faites une balayette qu’en tacticien parfait vous aurez machiavéliquement préparée, et il retombera. Et ainsi de suite.



Vous avez devant vous l’authentique jeu le plus gavant de l’histoire de l’Amstrad. Si l’absence de background n’est pas un critère discriminant, l’absence de tout le reste si. On enchaîne les matchs, à taper le désormais célèbre homme en bleu, pour monter en grade. Et c’est l’éternel combat qui recommence, toujours le même ennemi, toujours les mêmes sauts ridicules au ralenti, toujours les mêmes balayettes arthritiques, toujours les mêmes gestes niais, toujours le caillou qui ne bouge pas…



Et c’est non sans un sourire moqueur que j’éteins mon Amstrad. Oui, les couleurs criardes m’ont rendu migraineux et le manque d’action m’a fatigué. Mais je garderais toute ma vie le regard perdu de l’homme en bleu après un bon coup de pied dans les noix, coup de pied que je m’en vais donner dans la disquette du jeu… Il faut avoir cela une fois pour avoir enfin des arguments discriminant envers la ludothèque pourtant merveilleuse de l’Amstrad. L’exception qui confirme la règle en quelques sortes.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, mais en copie un grand classique...