Le site qui est parti pisser pendant le serment du jeu de paume.
Last Battle
Sega - 1989
Beat'em all, those developers ! par Pixxell

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
« All is not well with the world ! » Voilà qui commence bien, cher Captain Obvious. On achète un jeu histoire de s'amuser, et on te fout la vérité en face, là, de but en blanc, en mauvais anglais qui plus est. Last Battle, jeu philosophique ? On a un doute lorsqu'on apprend qu'il s'agit d'un jeu basé sur les aventures de Ken le Survivant.

A vrai dire, le jour où j'ai acheté ce jeu, je ne connaissais rien de Ken. Je n'en sais toujours pas beaucoup plus maintenant, d'ailleurs. Ou, du moins, je ne suis pas sûre qu'il faille croire ce que j'ai appris en jouant à Last Battle. Pourtant, le long texte défilant au début de ce beat'em all aurait dû m'enseigner nombre de choses. Mais que veut-il seulement dire ? Que désigne-t-il ? Cette introduction trop verbeuse pour être honnête n'a rien à faire ici. Et comme si ce n'était pas assez ridicule, je suis prête à parier que même un anglophone rira face au semblant de langue de Shakespeare que balbutie ce jeu. « Engrish », dit-on dans les milieux autorisés.



Allez, soyons fous et prenons ceci pour argent comptant. Asseyez-vous au coin du feu et laissez moi vous narrez la fabuleuse histoire (enfin, ce que j'en ai compris) d'Aarzak, plus connu sous le nom de Kenshirô.

Suite à une méga-guerre qui a détruit un pays quelconque, une force maléfique avait établi un empire – forcément maléfique lui aussi – où tous les gentils étaient tenus en esclavage.

Oui, mais il y avait de l'espoir, car le puissant Aarzak et ses potes Max et Alyssa étaient là pour rétablir un monde beau et juste. Ce qu'ils réussirent.

Seulement, trois méchants ont put échapper au bottage de cul : Gromm, Gross et Garokk. Durant trois années, tout fut calme, jusqu'au jour où Alyssa fut kidnappée et amenée au « Pays de l'Inconnu ». Aarzak, décidément chevaleresque, retrouva la trace d'un des méchants, Gromm. Qu'il tua. Durant sa quête, notre héros croisa le chemin de l'abject Gross, qui se révéla être son frère. Retournement de situation typique, le monsieur aurait changé de camp à cause d'une perte de mémoire qu'il le rendit violent.



Cependant, Aarzak étant fort et très beau, le Bien triompha du Mal et Gross redevint gentil.

Pourtant, un combat sépare encore Gilbert – oui, j'en ai marre d'écrire Aarzak, c'est à chier ce prénom – d'Alyssa : le « Dernier Combat ». Après quoi, notre Vrai Héros découvrit le moyen de tuer Garokk, et sauva la jeune captive. Fin.

Euh, oui. Vous l'aurez remarqué, il semblerait que l'intro dévoile toute l'histoire du jeu. On a donc une petite raison de ne pas y jouer, puisque l'on connaît les tenants et aboutissants. Quoique. Non, en fait, on ne sait pas à quoi on va jouer. Le combat final, comme il est dit dans le titre du jeu ? Ou toute l'histoire racontée ci-dessus ? Je ne le sais toujours pas, les dialogues auxquels on aura droit tout au long du jeu étant d'une immense futilité, en témoigne l'écran ci-dessus, et bien d'autres par la suite.

Bref, la chronologie n'est absolument pas compréhensible, puisque l'on croise durant l'aventure Max qui s'est relooké afin d'avoir plus de prestance, Alyssa qui est libre mais en fait non, deux têtes qui aident Gilbert à sortir d'un labyrinthe sans instruction dire, un grand méchant nommé Duke qui a une couverture top secrète mais qu'on repère à l'instant où on le croise, et des tas d'ennemis un peu plus forts que la moyenne qui retournent leur veste et jurent allégeance à Gilbert, lorsque ce dernier se permet de ne pas appliquer son doigt sur le dernier point sensible de leur corps... On est d'accord, c'est vraiment du n'importe quoi.



Heureusement que c'est un beat'em all, et donc que l'on ne s'y essaye pas pour le scénario. Quelle bande de petits malins, finalement, les seuls à se plaindre de cette histoire, ce seront les grands amateurs de l'anime original. Si vous en êtes, vous aurez sûrement déjà rebroussé chemin en crachant sur votre écran de dégoût. Comme je vous comprends, et comme j'aurai du vous suivre...

Maintenant, ce qu'il faut, faute de mieux – et pour toi ami lecteur restant – c'est trouver un moyen de s'amuser un peu.

Après l'écran titre, une jolie scène d'exposition où l'on peut admirer l'animation parfaite de notre héros bodybuildé. En haut, un « Chapter One » (sur quatre) apparaît nonchalamment. En bas (1/5 de l'écran), on peut déjà voir ce qui nous accompagnera tout au long de ce voyage : une jauge de vie (oh !), un compteur de score (ah !) un chronomètre (wow !) et une jauge de force en quatre parties (ouais !).



On remarque déjà que Gilbert sait marcher – grâce à la magnifique utilisation de trois images – et donner des coups de poing dans le vide. C'est déjà ça, mais on voit bien qu'il y a anguille sous roche : les animateurs ont perdu toute leur énergie dans la réalisation du fameux finish «ATATATATATATATATATATATATA!» de Kenshiro (le vrai). Il ne serait pas étonnant qu'ils aient oublié que tous les autres personnages devaient également bouger.

Écran noir. Gilbert est dans la rue d'une ville dévastée. Personne en vue, on en profite donc pour tester un peu les commandes. Il sait sauter d'une façon très spéciale, la jambe remarquablement positionnée. De plus, il est capable de réaliser un coup de pied à la Van Damme d'une classe folle. Gilbert est déjà dans mon cœur.



Le chronomètre tourne, je me décide donc à avancer. Des méchants masqués arrivent de la droite, de la gauche, d'en haut, et passent même par... le sol. Ma crainte concernant le formidable boulot des animateurs – à moins qu'il n'y en ait pas, ça expliquerait tout – se confirme : une animation pour la jambe gauche avancée, une autre pour la jambe droite, le corps perpétuellement penché vers l'avant, le bras qui bouge dans deux positions. Au mieux. Renversant, même un casse-noisettes est plus agile...

Dans un bruit rappelant un pet, un coup de poing asséné à 10 mètres d'eux suffit à les renvoyer chez leur mère, qui doit vraisemblablement être déjà montée au Ciel. En effet, les gerbes de sang pixellisées de la version d'origine et les têtes qui explosent pouvant – semble-t-il – choquer les joueurs occidentaux, elles ont été remplacées par un défi envers la loi de la gravité, les adversaires vaincus étant projetés dans les airs. On notera par la suite que les seuls ennemis épargnés par Familles de France et autres équivalents sont... Les animaux. Un aigle tué salement ne serait-il pourtant pas un affreux attentat contre la personne de Johnny Hallyday ?



Puis, si Gilbert n'a pas réussi à éviter l'assaut d'un adversaire, ce dernier donne mollement un petit coup de son arme, avant de se rebrousser chemin. Comme si de rien n'était. Ou, pire, il se bloque, se heurtant à vous sans fin tel une boule de flipper qui refuse d'échapper aux bumpers. A la fin du niveau (15 secondes environ), on rencontre Max, qui souhaite aider Gilbert dans son aventure. On ignore cependant ce qu'il fait là, comment il est arrivé jusqu'ici et, surtout, pourquoi notre « Vrai Héros » – concept très important dans ce jeu – le complimente sur son affreuse tenue verte fluo et sa teinture violette.

Apparaît alors une carte du pays, avec différents chemins à choisir. Une icône renseigne plus ou moins sur la qualité de la destination : ville en ruines, arènes, tour, portail, plaine dévastée, bateau, etc. Quand il s'agit d'une arène, on a le droit d'affronter un boss. Décider d'un niveau classique, c'est choisir d'augmenter la puissance de Gilbert afin de battre plus facilement les méchants qui parlent. Souvenez-vous de la barre de force... Lorsqu'elle atteint un des quatre paliers, vos muscles se contractent soudainement. Et alors que cotre veste en cuir avec tétons apparents devient trop petite pour vous, vous vous retrouvez torse nu à foutre des mandales hyper rapides.



Allons-y pour un autre niveau de 15 secondes où le leitmotiv se résumera à « J'avance, j'appuie sur A. Ou B, tiens, pour changer », histoire de tuer les mêmes gars que dans le premier niveau, mais colorisés différemment. Même pas une once de difficulté ou d'originalité, il faudra attendre un peu pour trouver un peu de variété. Et c'est encore beaucoup dire, puisque le clonage et les costumes de chez Michou semblent être courants dans ce futur apocalyptique. Vivement.

Par contre, lorsqu'on se décide à affronter un boss, ça change du tout au tout. La maniabilité rigide, les sauts ridicules, la vitesse de pointe de notre Gilbert... Rien n'est propice à un combat intéressant. Surtout quand la seule façon de toucher l'adversaire est de savoir réaliser un coup de pied en l'air avec un parfait timing, ou d'avoir assez de puissance pour enchaîner des coups très rapides au corps à corps.

Prenons cet homme, fils caché d'Hulk Hogan et de Hulk tout court. Il a des bras de deux mètres, possède un coup spécial à la Marcel Bison et recule aussi vite que l'on avance. Il en est de même concernant la supériorité annoncée des autres boss, entre les rayons lasers, les projectiles explosifs, les crochets de pirates extensibles ou les gaz soporifiques. Croyez-moi, la vie n'a jamais été aussi injuste que devant ce jeu.



Pour changer du flux ininterrompu des sosies ninjas, les inventeurs de ce divertissement familial qu'est Last Battle ont eu l'idée de génie d'incorporer des mini labyrinthes sur plusieurs niveaux et dotés de divers obstacles. Cela va des simili-boules de chewing-gums roulantes censés représenter des rochers, à 2-3 couteaux tombant du plafond, ou encore à des haches boomerangs constituant de traîtres pièges. Mais rien à craindre. Gilbert est un Vrai Héros, il sait arrêter une arme blanche avec un coup de pied sur le tranchant. Surpuissant.

J'avoue. Je n'ai jamais eu la force, le courage, l'audace ou la folie de finir ce jeu qui fut pourtant l'un de mes premiers sur Megadrive. Assez pour utiliser la touche « Haut », histoire de passer des rares portes et me faire agresser par un flot continu d'ennemis. Assez pour affronter des zombies Frankenstein qui se téléportent. Assez pour me retrouver en sandwich durant 30 minutes. Assez pour me retrouver collée à un adversaire immobile mais impossible à toucher malgré la distance parfaite qui nous séparent. Assez pour voir que l'intelligence artificielle des adversaires est proche du néant. Assez pour avoir des centaines de citations totalement hors de propos cités par des personnages complètement attardés. Assez au point d'en avoir assez.



Mais j'aimerai bien vous y voir, moi. Ce jeu n'est pas vraiment jouable, autant en lui-même que manette en main. Ce n'est pas laid pour l'époque mais c'était déjà complètement de mauvais goût. La musique ratée et répétitive au possible a hanté mes nuits, tandis que la démarche féline de Gilbert et sa puissance si inutile face à un système de collisions pitoyables resteront ancrées dans ma mémoire.

Le pire au tableau de chasse de ce jeu reste sûrement la censure qui l'a frappée au point de transformer la palette de couleur de nombreux personnages en horreurs de la nature vertes ou bleues fluos. Sûrement est-ce une tactique pour qu'ils paraissent moins humains et que nous ne nous offusquions pas de les voir éclater via des milliers de pustules géantes...

J'abhorre les créateurs de ce jeu et leurs descendants. Je hurle de terreur lorsque j'entends la syllabe « Ken ». Je cuisine tous les Gilbert de la terre en chili con carne. Je vous conseille de ne jamais toucher à Last Battle.


La version non-censurée de Last Battle. Les gerbes de sang n'y feront rien, ça reste une expérience atroce.

~ Et puisque je déteste laisser mes lecteurs dans la difficulté, je dédie cette astuce à tous ceux qui se seront laissés berner et qui ont payé pour essayer Last Battle. Une fois mort, attendez que la phrase « Legend of the Final Hero » (ahahah) apparaisse. Maintenez appuyé A+B+C et pressez Start pour choisir de continuer un des chapitres déjà entamés, et continuer le carnage. ~
Le point de vue de César Ramos :
Relativement peu commun, et on ne va pas se plaindre non plus...