Pignol not dead.
Uninvited
Icom Simulations - 1991
par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Uninvited est un jeu d’un genre trop peu représenté sur NES, et plus du tout représenté de nos jours : l’aventure en mode texte. Ah ah avouez que là immédiatement vous sentez le goût des BN dans votre palais, l’acidité du Tang et d’autres madeleines de Proust plus ou moins tenaces. Et oui, ça c’est un vrai genre oldies, qui sent le moisi et les mercredis après-midi ! Mais outre le fait que c’est un réchappé d’un autre âge, c’est aussi le troisième et dernier jeu de ce type par Kemco sur NES, après Shadowgate et Deja vu. Mais mieux encore. C'est le port d'un jeu Mac ! Uninvited est sur ce support le deuxième opus d'une série de 4 jeux, dans l'ordre Deja vu, Uninvited, Shadow Gate et Deja vu 2. Ok, chouette. Une hypothétique perle rare, malheureusement américaine ou japonaise. Mais encore ?



L’aventure en mode texte, c’est le truc root par excellence. Une portion minable d’écran représentant la salle où l’on se trouve, et tout autour les différentes actions possibles dans la pièce en question. Du gros classique, avec ouvrir, prendre, parler… On amène le curseur sur parler, on clique sur le personnage dans la fenêtre d’action, avec lequel on veut parler, et c’est parti. C’est complètement bath.



Oui, sur papier c’est très simple. On enchaîne des actions au bon endroit, au bon moment, et on avance. On enchaîne des puzzles plus ou moins simples, et tout roule c’est frétillant et jubilatoire. Oui, sur papier.



Mettez vous en situation de « je clique sur une action, puis je clique sur la scénette pour tenter un truc ». Déjà rien que le mot cliquer… C’est un terme PC, pas NES. Le drame du jeu. On se retrouve à manier un curseur avec sa pauvre manette NES qui n’a rien demandé, qui crie au secours de par tant de lenteur dans les mouvements. Et comme on va être amené à trifouiller pas mal, à tout tenter, le comportement de notre golem de curseur fera craquer les plus solides volontés.



Mais ce jeu n’est pas que lenteur, fort heureusement sinon je ne serais pas là à vous en parler. J’ai mon saumon dans la poêle qui ne demande qu’à être dégusté, ou encore un fax à envoyer à l’hôtel des impôts, ou ma procuration de vote à faire. Non, ce jeu est autre chose. C’est d’abord une histoire bien ficelée. On est avec notre sœur (si tu n’as pas de sœur c’est normal ami internaute, c’est un jeu, tu n’es pas dans la vraie vie, tu es gentil tu t’es déjà fait ta propre histoire c’est formidable !) dans notre voiture peinard, et une forme apparaît sur la route. Dans un élan salvateur vous donnez un coup de volant, qui vous envoie valdinguer dans le platane le plus proche. Vous émergez peu après, et ne trouvez pas votre sœur. Inquiet, vous allez vers la première maison, en pensant qu’elle est là, et c’est le début d’un étonnant voyage.



Etonnant car extrêmement mature. Rarement la NES n’a donné quelque chose d’aussi sombre, d’aussi noir. L’ambiance fantomatique est amusante, et vos différentes morts expliquées avec moult détails. Quand on imagine la cible de la NES en 1990 on ne peut que s’étonner de cette puberté avancée dans l’histoire. Mais c’est tant mieux. Les énigmes s’enchaînent bien, avec une difficulté malheureusement aléatoire un peu abusée. A l’inverse d’un shadowgate on aura quelques moments de solitude totale, complètement perdue entre deux salles qui ne servent à rien. Le rythme est donc un peu décousu, mais en grands garçons (ou petite fille, je suis pour un oldisme mixte et intergénérationnel) on saura passer outre.



On avancera dans le jeu accompagné par le dernier tube de Mozart. Non, je plaisante. La musique de ce jeu est particulièrement agaçante. L’ambiance « musique d’ascenseur sur NES » quand on cherche désespérément la sortie a quelque chose de réellement frustrant. Pour que la société de votre maison respire la paix pendant une partie, coupez le son. Où je ne pourrais plus répondre des dizaines de cas de folie sûrement meurtrières qui viendront s’abattre sur le monde. Niveau bruitage c’est du gros classique car ce sont exactement les mêmes que Shadowgate. Donc de l’éprouvé.



On viendra au bout de l’aventure en tatouillant partout. On peut embarquer un nombre très important d’objets dans le jeu, que l’on essayera à outrance. Si vous êtes bloqués, c’est que vous n’aurez pas regardé partout. En une bonne heure lorsque l’on est entraîné, c’est torché. Mais c’est bien le problème. Pourquoi s’entraînerait-on sur un jeu qui ne variera jamais ? Oui, les fantômes seront toujours là aux mêmes endroits, les pièges seront toujours les mêmes, et votre gourde de sœur sera toujours perdue… On ne rejouera donc jamais à ce jeu. Ou dix ans après, pour voir si l’on s’en souvient.



Là je me relis. Enfin dans 30 secondes je le ferai peut-être. Et je me dis que le message donné est un peu diffus. Est-ce un bon jeu ? Pour tout le monde, non. Clairement, il faut aimer se prendre la tête avec une interface un peu pénible, sur un jeu un peu chiant. Mais si on dépasse tout ceci, l’ambiance est amusante, avec des graphismes assez mignons, pour un voyage sympathiques sur NES. Et pour un type de jeu à l’ancienne, finalement, que peut-on demander de plus

Bonus :

Et même plus que tout cela, je vous donne une superbe galerie de portraits de la mort, que vous rencontrerez à chaque coin de couloir. Du gros lourd, j'aime !





Mais on peut aller encore plus loin ! Regardez moi ça. Avant Resident Evil, déja...

Le point de vue de César Ramos :
Comme souvent, malheureusement introuvable dans nos contrées...