Il faudrait être mad pour ne pas l'aimer.
Super Spike V’Ball
Technos - 1989
Celle-là tu l’as pas volley... par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Oui, ce jeu de mot est naze. J'assume. Que voulez-vous, voilà près de dix piges que je ne me suis pas fendu d'une chronique, je suis un peu froid. Ou un peu vieux, allez savoir. Quoi qu'il en soit, il aura fallu que je prenne un triple combo de chambrage en règle des sieurs BlueSky, Enker et Bazart pour enfin me sortir les doigts de l'étroit tunnel malodorant dans lequel ils étaient enfouis depuis bien trop longtemps. C'est chose faite, et putain, il était temps, parce que ça sent pas vraiment la rose…



Vous êtes de passage et vous n'avez aucune idée de qui sont les trois personnes sus citées ? Aucune importance. Tout d'abord parce que ce sont des gens dignes de peu d'intérêt, voire pas dignes tout court (y'en a même un qui a bossé pour le MEDEF, si c'est pas malheureux), et ensuite parce que comme ce sont malgré tout des copains, et vous non, votre interlocation me dérange assez peu. Bref, t'es venu voir un peu si ça causait volley-ball sur NesPas, et ben tu vas pas être déçu bonhomme.



Alors voyons voir ça. Déjà, c'est Technos qui est aux commandes. Si vous ne connaissez pas Technos, sachez que d'une part vous venez de provoquer une crise convulsive chez Bazart (que vous ne connaissez toujours pas, mais quand même, c'est pas très gentil), et que d'autre part il s'agit de l'éditeur qui sera connu pour l'éternité pour avoir légué au monde la série des Kunio-Kun, phénomène particulièrement japonais qui a parfois franchi les frontières pour notre plus grand bonheur (voir l'excellente critique de Nintendo World Cup à ce sujet).

Mais ici point de personnages à grosse tête et à gros yeux, non, juste des sprites body buildés plus ou moins bronzés et prêts à en découdre sur un terrain de beach volley, un peu partout dans le monde, mais surtout aux USA, parce qu'à cette époque, les USA c'était un peu over the top of le monde, quand même.



Graphiquement c'est le minimum syndical, mais, pour rester dans l'analogie prolétaire, c'est propre comme une intervention d'un délégué CGT : c'est pas spécialement élégant mais on comprend bien le propos, qu'on aime ou pas. Pas de clignotement, un scrolling qui tient plus la route qu'Ayrton Senna, et une palette de couleurs bigarrées qui faute d'être esthétiquement intéressante a au moins le mérite de réveiller la rétine. Et peut être même de rendre la vie aux pixels morts, allez savoir.



La musique est un pur concentré de chiptune assez quelconque, parfaitement représentatif de son temps, à base de tougoudougoudoum, pchhhhtttt, triiiii, tougoudougoudoum ta ta taaaa. Elle habille sans énerver, et vous n'en aurez aucun souvenir une fois votre console éteinte.



Côté modes de jeu, c'est le all inclusive avec du match sec, du tournoi, en solo, en multi, et ce jusqu'à quatre joueurs, le tout avec un choix de personnages qui est bien plus qu'un simple habillage cosmétique (et heureusement, parce qu'à part le bronzage, sincèrement…).
Vous aurez donc le choix entre les sempiternels clichés des jeux de sport, à savoir la team équilibrée à qui on ne la fait pas, les super rapides pas très costauds sous amphétamines, les gros défenseurs qui ne laisseront rien tomber et rendront ainsi les matchs longs et chiants comme un week-end de novembre en Anjou, et enfin les gros sacs à muscles tellement lents que tu te moqueras d'eux jusqu'à ce que tu prennes une météorite sur le coin du museau quand ils arriveront à décocher une attaque…



Bref, y'en a pour tous les goûts, et ce serait bien le diable que vous ne trouviez pas votre plaisir, un peu comme le disait très justement votre maman l'autre soir. Embrassez la pour moi, voulez-vous ? Evitez la joue droite par contre, j'ai la faciale désaxée comme on dit pudiquement dans le milieu. Enfin bref, y'a du choix, et on aime ça. A noter à cette occasion le clin d'oeil pas du tout discret au titre phare de la boîte, Double Dragon, dans les personnages disponibles.



Bon du coup ça se regarde, ça s'écoute, ça se paramètre, mais est-ce que ça se joue ce merdier ? Bah oui mon gars, et pas trop mal en plus. Alors on va pas se la raconter, passé le 4ème tour du tournoi de base, vous allez en chier comme un ouvrier polonais sous Jaruzelski tentant de nourrir sa famille. Chaque point se gagnera dans une marée de sueur mêlée de sang, mais la victoire n'en sera que plus belle. Enfin j'imagine, moi j'ai pas réussi. La faute à des attaques supersoniques pratiquées par l'adversaire et que j'ai été incapable de bloquer ou même de reproduire à mon compte. Il est intéressant de constater que ces super attaques ressemblent étrangement à celles qui feront la réputation et la gloire de Nintendo World Cup, ce qui positionne Super Spike V'Ball comme un cousin indubitable de la famille Kunio-Kun. Le très incongru “KA-BOOOOM” accompagnant lesdites attaques entérine d'ailleurs définitivement ce lien de parenté.



Alors, verdict ? Et bien on passe un agréable moment. C'est pas le jeu du siècle, c'est dur sa mère (mais on est en 1989, le mur n'est pas encore tombé, les mentions au bac sont aussi rares que les électeurs de Jean Lassalle, bref la vie elle même est une pute), mais on y reviendra avec plaisir de temps à autre, histoire de passer le temps en se remémorant les merveilleux jours d'une décennie mourante, mais on s'en fout, les années 90 ca sera trop bien frère, wahla. Parole.
Le point de vue de César Ramos :
It's a secret to everybody comme dirait l'autre, pour trois francs six sous..