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Tintin au Tibet
Infogrames - 1995
Bientôt à Sydney et en tournée dans le reste du monde par Nola

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Tintin au Tibet est de ces jeux qui ont marqués mon enfance, je l'ai eu en 1995, j'avais 7 ans, le bel âge comme on dit, celui où le mot devoir n'existe pas et où nos seules préoccupations sont de sortir avec les copains faire des cabanes, découvrir enfin ce qui se cache sous la jupe de la voisine ou glander des heures devant la console comme un tétraplégique. Et pour mon Noël, j'avais une Megadrive. Je vous passe la partie retapissage chaud de pyjama au pied du sapin et les larmes de joie qui en découlèrent. Je n'ai découvert la Super Nintendo que très tard, un peu comme ce vilain jeune homme qui n'apprend les choses de la vie et de l'amour qu’à 28 ans. Et un jour, en me baladant sur les bords de la Saône je vis dans une boutique la cartouche de Tintin au Tibet sur Super Nintendo, je sortis donc de mes guenilles une piécette ou deux et acquis ce bel objet qui est la copie conforme du jeu Megadrive.



Ah, Tintin! Le dessin animé que je dévorais avec mes Chocos Krispies au petit déjeuner devant la 3 tous les matins par tranche de vingt minutes. La bande dessinée sur laquelle j'ai appris à lire bien avant mes 7 ans…



Et de tous les albums, Tintin au Tibet reste mon préféré, peut être pour le Migou et ses larmes si humaines ou parce qu'on y voit Milou saoul comme un polonais se ramasser sur un tas de roches. Mais ne nous égarons pas, et revenons donc sur ce jeu qui - je suis désolé de tuer le suspens - est une réussite, l'époque où Infogrames savait faire des vrais jeux et où l'on vivait dans l'insouciance d'une des pires tragédies des années 90 qui nous guettait, les 2be3.



D'emblée l'écran titre vous met dans l'ambiance, une musique intrigante avec nos héros en plein Himalaya se demandant "Mon Dieu qui peut bien chausser du 58 et se balader pieds nus sans attraper froid ? Michaël Jordan ?". Il nous permet surtout de nous rendre compte à quel point le jeu est magnifique. L'univers graphique de Tintin est parfaitement reproduit, comme dans la BD on retrouve les aplats si chatoyants à l'œil. En fait, la fameuse technique dite de la ligne claire si chère à Hergé, a été minutieusement reproduite par les graphistes d’Infogrames, qui à l'époque savaient faire des beaux jeux (je me permets d’insister lourdement). On sent vraiment l'univers derrière ce travail. Par exemple entre chaques niveaux nous avons le droit à des vignettes tirées du livre, enfin les personnages et les décors ont été pixélisés de fort belle manière, si bien qu'au final on a l'impression d'être dans une réelle bande dessinée interactive. Un Everest de plaisir visuel (Everest, Himalaya, Tibet, Humour).



Niveau gameplay les développeurs ont opté pour un jeu de plateformes, logique me direz vous, on imagine mal un Shoot'em Up ou un jeu de Baston basé sur l'univers du rouquin, même si l'idée reste à creuser. Cependant, ici on ne peut pas tuer ses ennemis en leur écrasant la tête, Tintin ne peut pas nous plus se mettre en boule pour perforer ses amis. Comme vous avez obligatoirement lu un album et ne ment pas c'est sale, vous savez que notre héros n'est pas connu pour être une montagne de muscles. Oui, Tintin a le corps d'un adolescent en fin de croissance, il est imberbe et aime à traîner avec un vieux marin alcoolique, pas étonnant que certains le soupçonnent d'être un Mickey.



Il ne peut donc malheureusement pas se battre, il vous faudra donc user de stratagèmes pour arriver à la fin des niveaux, car le jeu pourrait plutôt être défini comme un jeu de plateformes réflexion. Les niveaux se résument donc le plus souvent à trouver un personnage en évitant un tas d'embuches agrémentées d'énigmes. Par exemple, pour finir un niveau vous devrez aider une jeune fille à traverser une allée inondée en empilant des caisses devant son passage. D'accord rien de bien transcendant mais l'on est sur SNES, si vous voulez des casses têtes allez vous acheter un livre de Sudoku et ne me faites pas chier.



Joueur blasé que vous êtes, vous allez me dire, "je connais les jeux dans ce genre, c'est linéaire au possible". Et c'est là que je sors mon rire de Raspoutine, car non tu te trompes l'ami, de réels efforts ont été entrepris pour éviter ce côté: un niveau un personnage à trouver. Le jeu propose des challenges variés, cela va de la nage en remous pour sauver votre chien bourré à l'escalade de montagne enneigée avec le marin ivrogne, tout en passant par la fameuse épreuve du "Toi passer à gauche du Chorten Sahid, sinon toi mettre en colère les démons".



Musicalement chacun des niveaux possède son propre univers sonore ce qui n'est pas pour nous déplaire. Pour ce qui est des bruitages même s'ils sont discrets ils sont nombreux et complètent l'univers acoustique.

Cependant, il y a ce qu'on appelle dans le jargon du retrogaming les "points noirs qui font chier". L'un d'eux est la difficulté du jeu, votre personnage meurt lorsqu'il se fait toucher quatre fois et lorsque vous finissez un niveau vous ne recommencez pas avec une vie entière mais avec celle que vous aviez lorsque vous avez terminé le niveau précédent, sympa non? Surtout qu'il n'y a aucune sauvegarde, juste un mot de passe tout les quatre niveaux. A l’époque on savait rire



Mais bon tu n'es pas une bleusaille, tu es un homme de défis tu en as connu des pires, souviens toi Pearl Harbor en 41, Glasgow 76 et son poteau carré. Oui, mais voilà, ce n'est pas tout, il y a un problème : le Sablier de temps. Le problème avec des jeux comme Super Mario c'est qu'ils définissent des standards, il y a du temps dans Super Mario il y aura donc du temps dans les jeux de plateformes pour ces quinze prochaines années, Miyamoto a parlé. Oui, mais voilà autant dans un jeu speed où l'on fonce tout le long cela ne gêne pas, autant dans un jeu où l'on doit fouiller un niveau, chercher des personnages et où le but final n'est pas forcément clairement défini c'est l'élément de trop. Un peu comme le pote lointain d'un pote d'un ami qui s'incruste chez vous un soir de réveillon, picole comme un porc, dégueule partout sur votre canapé, devient agressif, cogne sur tout ce qui bouge et s'ouvre la lèvre sur un trottoir vous permettant de renouer le contact avec vos amis du 18 et ruinant votre soirée.



En conclusion, malgré une difficulté assez élevé Tintin au Tibet reste un très bon jeu de plateformes aux graphismes sublimes totalement dans l'esprit d'Hergé. Enfin rassurez vous c'est français, c'est d'un éditeur français, alors pourquoi s'en priver
Le point de vue de César Ramos :
Commun et peu cher.