SILQUESONGUE (avé l’assent du sud, té)
J’ai battu le boss final hier. Deux fois.
Entre les deux tentatives, j’ai terminé la mission « passage des âges », dont le passage prétendument ardu n’arrive pas à la cheville de celui de Hollow Knight.
98% de complétion en précisément 99h35 de jeu : il me manque un fragment de masque et un de bobine. Après consultation d’une soluce, je sais exactement où ils se trouvent et je devrais rester sous la barre des 100h pour le 100%.
Restent tout de même quelques bricoles hors % que je n’ai pas bouclées. Mais c’était une très chouette expérience, différente de Hollow Knight premier du nom. J’ai vibré du début jusqu’à la fin, juste un peu déçu de l’ultime combat, moins vibrant que ne l’était Radiance à mon goût.
Maintenant, je vous avais promis une histoire personnelle et choupinette. C’est le moment.
/!\ je colle une balise spoiler sur une partie du texte seulement, ça n’en reste pas moins un extrait assez peu équivoque. /!\Silksong, j’y ai pas mal joué avec mes enfants de 10 et 5 ans assis à côté de moi. Pas tout le temps bien sûr, mais mon grand m’a accompagné sur pas mal de tronçons. Ca a été chouette de voir ses yeux d’enfant commenter le périple à base de
t’es qu’une sous-merde wesh commentaires joyeux, parfois relous, mais très souvent rafraichissants face aux affres du monde de Pharloom. Et parmi ces commentaires, des éléments ou des personnages du jeu ont été renommés.
Par exemple, on n’appelle pas
la Bête des cloches, on voyage avec Métas (long à expliquer, retenez juste que c’est un axolotl)
On ne complète pas non plus
le journal du chasseur, on consulte
le bébêtozoïde.
Et au-dessus de tout ça, il y a
Monsieur cure-dent.
Comment ça, vous ne savez pas qui est Monsieur cure-dent ? C’était pourtant facile, c’est lui :
Zanzibaaaaar ! Wa-ah !Bref, M. Cure-dent, c’est évidemment ce brave Garmond, ce vieux copain que l’on retrouve à de nombreuses reprises tout au long de l’aventure. Et croyez-moi, sa côte de sympathie est telle que par moment, je me suis demandé si pour mon jeune public, ce n’était pas lui le héros du jeu.
Dès que Garmond pointait son nez, j’avais droit à toute une litanie de « M. Cure-dent ! » de la part d’Aurélien et de Diane. Choupinou à mort je vous ai dit. A un moment du jeu, il est possible de faire un duel amical, c’était limite si je ne me faisais pas vertement enguirlander parce que je gagnais le duel.
Donc voilà, M. cure-dent était un peu l’arc-en-ciel qui manquait à ce monde cruel.
Sauf que j’ai joué à Hollow Knight. Et je sais ce qu’il arrive à certains bons gentils trop choupis. D’ailleurs, mon grand est en train de jouer à Hollow Knight, comme tout un chacun il surkiffe Mila, j’envisage sérieusement de lui effacer sa sauvegarde pour lui éviter de
savoir.
Sans en savoir plus sur la suite, j’ai commencé à tempérer la frénésie autour du personnage, quitte à être un peu brutal. « Attention, M. Cure-dent est un peu nul, j’ai peur qu’il ne lui arrive de vilaines choses » : que nenni, il est infaillible me rétorque-t-il. Allez chercher de raisonner un enfant de dix ans sur quelque chose d’aussi intangible.
Quoi qu’il en soit, l’aventure se passe plutôt bien, je n’en serrais pas moins les dents à grosses suées chaque fois que Garmond apparaissait, tandis qu’il récoltait encore et toujours la totalité des suffrages. « My twelve points goes to Garmond » comme on dit à l’Eurovision.
La suite se passe en balise spoiler :
Nous voici rendus dans l’acte 3. Mon fils a décidé que le surintendant était LE méchant du jeu. Ca me fait toujours sourire. Je continue un peu le jeu tout seul. Et puis là, à la sortie de Clochelle, je le vois.
Garmond.
Sacré Garmond. Toujours là avec son cure-d… son bâton, à foncer dans la masse dans le plus grand n’importe quoi. Ca me fait plaisir de le voir là, lui aussi partant pour défendre les terres de Pharloom. Je me joins à lui pour éliminer les quelques ennemis, mais pouf, je me fais tuer comme une merde.
Ok, pas de problème, je reprends deux écrans plus loin. Mais en revenant, stupeur : il n’est plus là et je n’ai même pas pu lui parler. Grmbl.
Quelques jours plus tard, je traverse une nouvelle zone. Et qui vois-je ?
Garmond.
Ce bon vieux Garmond. Toujours là pour faire des courses sans queue ni tête. Je me joins illico à la bataille et… je meurs encore, sans avoir le temps de lui parler encore. Grmbl.
Bon, pas de problème, on reprend l’aventure. Je le retrouverai bien plus tard.
Et effectivement, c’est le cas. Cette fois-ci, les enfants sont assis à côté de moi. Effusion de joie quand il arrive à coup du désormais célèbre M. cure-dent !
Cette fois-ci, ça se passe bien, j’ai mes mascottes avec moi. On élimine les quelques méchants et le dialogue s’amorce. Ce bon vieux Garmond est fatigué, mais le cure-dent n’en reste pas moins agile.
On repart donc, calme et serein. Plus loin, je vois qu’une nouvelle mission a été publiée sur le mur du village. « L’appel du héros ». Ah bah tiens, Garmond a besoin d’aide, me dis-je. On file au point de rendez-vous, et là, qui vois-je ?
Zaza.
Pas de surnom ici, mon fils n’ayant trouvé un doux nom bien nul -aussitôt oublié- pour la monture mi-choupi mi-gnonne de Garmond. Tout de suite, je sens comme un loup. Mon fils est à côté et est au taquet. Vite, il faut suivre Zaza pour aider M. cure-dent ! D’ailleurs, pourquoi n’est-il pas là ?
Une salle.
Puis une deuxième.
Mon inquiétude commence à être palpable, il commence à être tendu lui aussi.
Et on le trouve enfin.
A ce moment précis, j’aurais préféré être seul. En tout cas, les minutes qui ont suivi ont été rudes. Gérer un combat assez dur est une chose, gérer une crise de larmes générale en est une autre.
La suite ? Elle ne se raconte pas. La version officiellement retenue est « M. cure-dent se repose ». Du moins pour sa petite sœur. Lui, je le sais, a compris. Enfin je pense.
On a tous connu un moment un peu dur dans notre enfance au sujet de choses triviales. Que ce soit dans un film, un dessin-animé, un jeu, on a pu voir, impuissant, une chose affreuse se produire et nous accabler au plus profond de nous.
Mon fiston a dix ans et a, pour la première fois, vraiment eu le cœur brisé. M. cure-dent est parti, emportant un peu de magie et d’innocence avec lui.
J’écris tout ça ici parce que c’est une histoire particulière qui nous évoquera sans doute quelque chose à tous, mais aussi pour pouvoir m’en souvenir quand je retomberai dessus plus tard, dans la mesure du possible.
Et qui sait, peut-être la lira-t-il aussi un jour ?
