Bon. Ben ça y est.
Ceux qui ont déjà fini le jeu il y a quelques mois ont dû le voir venir : me présenter face à Ganon avec un stuff de malade, la Master Sword upgradée, les tenus au max, etc. etc. ... a transformé le Epic Battle que ça aurait dû être en formalité administrative. Et encore, l'administration Suisse.
Je ne vous cache pas une légère déception. Sur le combat, hein ; la sobriété de la cinématique de fin, quant à elle, m'allait tout à fait. Mais, oui, cet affrontement final m'a laissé un peu sur ma faim. Bon.
En même temps c'est de ma faute aussi, à vouloir tout farmer avant. Et c'était inévitable : le léger effet de "soufflé qui retombe" est à la hauteur du panard absolu qui l'a précédé.
A ce stade-là, compter les heures devient vain. Mais la prochaine brune que j'aurai dans mon lit aura intérêt à être une championne internationale de la fellation si elle compte me faire oublier ce que je viens de vivre sur ces trois mois.
Trois mois. TROIS MOIS putain à ne faire QUE ça, et en en redemandant, en plus ! Ah bordel. AH BORDEL. A 38 ans, après des décennies de jeu vidéo, me faire sucer la moelle comme ça, même dans mes rêves les plus fous je n'aurais pas espéré tant. Je croyais que A Link Between World, Dragon's Crown et Portal 2 avaient mis la barre trop haut. Je pensais que Link's Awakening resterait seul dans sa galaxie. Foutaises. Fariboles. Mascarade.
Oui, les donjons sont trop peu nombreux. Oui l'interface est perfectible. Oui le monde est trop petit (si c'est pas malheureux de dire ça...). Mais j'ai rarement été aussi happé dans ma vie de joueur que lors de l'attaque de Vah'Ruta et du premier lynel. Rares sont les frissons d'angoisses qui peuvent rivaliser avec celui, tout fugace qu'il soit, de ma première Lune de Sang et du premier lynel. Et combien de cris de joie auront été aussi sincères et spontanés que lors de ma victoire sur le challenge Hard de l'Epreuve de l'épée et le premier lynel ?
Ce jeu avait tout pour moi. Ah, le vent dans les cheveux en courant dans la montagne, cette cité perdue dans le désert, ce premier lynel, ces terres lointaines peuplées de légendes, ou ce sanctuaire Sheika qui se dévoilerait soudain au détour d'un chemin de la Cordillière des An...
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Attendez... explorer les montagnes, les déserts... des civilisations perdues... avec des mécanismes secrets...
Des objets technologiques dans le chrome / bleu... avec des petites lampes qui soulignent les formes...
Des animaux, dont un oiseau, mécanique...
OMGWTFBBQ !
LES MYSTERIEUSES CITES D'OR !!!
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Et c'est ainsi que j'ai réalisé, il y a quelques jours, l'évidence désarmante : si ce jeu m'a autant happé, c'est parce qu'il a tripoté TOUS les boutons de mon enfance (ce n'est pas ce que vous croyez, restez, bande d'abrutis). Et notamment ce souffle d'aventure sur lequel j'ai tant de mal à mettre des mots, mais qui me transportait lorsque je lisais Michel Strogoff qui erre dans les plaines de Russie, Frodon et ses amis aux abords du Mont Venteux, ou encore Esteban, Tao et Zia, perdus dans les marais entre deux cités Mayas avant de tomber sur la base ultra-technologique des Olmèques. Cette aventure qui résonne comme un douloureux appel au voyage solitaire, lorsque le soleil vient caresser les roseaux dans la lueur dorée du soir, et qui remplissait mes rêves d'enfant.
Des rêves que je ne réaliserai jamais, mais dont Breath of the Wild a permis que je m'approche encore un peu plus. Comme on étreint le fantôme d'une femme qui ne viendra jamais. Comme on tangente l'infini.
Je reviendrai en Hyrule. Je tuerai le Lynel d'Or. Ce sera peut-être comme pour les Cités d'Or : un éphémère moment de bravoure qui s'évaporera aussitôt pour retourner à la légende. Mais si Hyrule n'existe pas, ce pays est désormais en moi, pour de vrai.