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E.V.O. - Search for Eden
Enix - 1993
Darwin the "yes" needs the "no" to Darwin against the "no" par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
# Eeeeet bonsoir à tous mes petits chéris pour ce nouveau numéro de TPMP, « Touche pas à mon pad », je suis toujours Virgile Harouna avec mes fidèles chroniqueurs que je ne citerai pas, oui oui Ebola on sait que tu es là, mais je vous demande d’applaudir très fort nos invités pour le thème du soir : « pour ou contre, l’homme descend-il du cafard ?», c’est vraiment passionnant et je suis sûr mes petites beautés que vous allez avoir plein de choses à dire ! Donc sans plus attendre, accueillons notre premier invité, il vient nous parler d’un jeu-vidéo ancien de Super Nintendo, c’est remarquable hein je tiens à le souligner, donc vos applaudissements pour Oscar Tacos !

*applaudissements*



#Alors bonsoir Oscar Tacos, déjà je vais vous présenter pour notre public qui ne vous connait pas forcément, vous êtes spécialiste des vieux jeux-vidéo de rétrogaming, ah ah oui Ebola, des trucs moches pas en 3D c’est ça, et vous venez nous parler aujourd’hui de la théorie de l’évolution au travers d’un jeu qui s’appelle Eva recherche Eden, c’est bien ça ?

Bonsoir Virgile et déjà, merci de m’avoir invité sur votre plateau. Ce n’est pas tout à fait ça, le jeu s’appelle en fait E.V.O. : Search for Eden et propose une aventure pour le moins singulière dans cette grande famille du jeu-vidéo qui peut parfois être assez conventionnelle, à savoir la traversée des âges avec comme fil conducteur l’évolution des espèces.



#Très bien, très bien, par contre je vous demanderai de faire des phrases plus simples à partir de maintenant, un sondage Twitter RMC me dit que nos téléspectateurs vous trouvent déjà chiant.

Euh… Ce jeu est comme je le disais une expérience à part, il est développé par Almanic Corporation, un studio aujourd’hui défunt qui n’aura pas laissé énormément de titres derrière lui, je peux citer Cosmic Carnage si vous connaiss- « On s’en fout » …et développé par Enix, ça vous parle peut-être plus Enix ? ActRaiser, Illusion of Time, et même Dragon Quest, ou Dragon Warrior si vous êtes à tendance atlantiste. Un gros nom du milieu, assurément.



#Merci Oscar Tacos pour ces précisions, ne soyez pas trop décontenancé par les interruptions d’Ebola, nous avons-nous-même parfois du mal à la contenir. Quel est donc le principe du jeu, maintenant que vous avez fait zapper le tiers de notre public ?

Comme je l’ai dit plus tôt Virgile, le fil conducteur du jeu est de traverser les âges, du Cambrien et son monde amphibie, jusqu’au quaternaire et l’apparition de l’espèce humaine. Une entité supérieure appelée Gaia offre une chance unique à notre personnage, une forme de vie à ce stade indéterminée : évoluer dans cinq des grandes périodes, comme autant de chapitres, et incarner à chaque fois une forme animale fictive capable d’évoluer pour mieux survivre face aux prédateurs qui chercheront à lui barrer la route. Evoluer, survivre, traverser les millénaires, pour in fine avoir une chance d’atteindre l’Eden promis dans le titre du jeu.


A la télé, ça me dépasse, pour la première fois, mon concombre me parle


On débute le jeu sous une forme aquatique primitive, mais pas trop, le jeu nous épargne le stade de l’algue ou du bulot, ha ha ha on a échappé un une vraie purge, qu’en dites-vous Ebola ? « ………. » Bon, voilà, notre forme de vie primitive va devoir se faire une place dans cet écosystème pour grandir et survivre, et pour cela il va falloir considérer tout ce qui nous entour comme de futurs repas. Chaque cible potentielle supprimée d’un claquement de mâchoire laissera derrière elle un reste fumant qui, une fois croqué, distribuera des points de vie mais surtout des points d’évolution ! Eh oui, les voilà, ce sont eux qui, une fois capitalisés, permettront de faire *évoluer* notre protozoaire vers une forme indéterminée, croisement entre le narval et le tiktaalik (vous pouvez chercher, ça existe vraiment)



#Puisque vous parlez de tiktaakik, je rappelle notre challenge TikTok du moment : faites la meilleure vidéo possible en mettant des nouilles dans votre caleçon pour tenter de remporter une interview exclusive avec le Président de la République.

Tout ça pour dire qu’il ne faut pas chercher d’exactitude scientifique dans ce jeu, qui est, est-il bon de le rappeler ?, un divertissement avant tout. Malgré cela, il flotte un parfum d’authenticité et on voit que les développeurs ont certainement mené quelques recherches historiques pour proposer un décor le plus fidèle possible à la réalité au scénario.



#Je rebondis tout de suite sur ce que vous nous dîtes Oscar Tacos, puisque c’est important de mener ses propres recherches, on ne le dira jamais assez, et ce n’est pas notre nouvel invité qui nous dira le contraire, je vous demande d’accueillir chaudement Norbert Feurisson !

*applaudissements nourris*


Oui bon ça va hein, pas la peine de me le rappeler


#Tout d’abord, Norbert Feurisson, merci d’avoir accepté cette invitation « Merci à vous Virgile, c’est un grand plaisir de pouvoir venir partager mes positions auprès des plus nombreux », ah ah oui Norbert, vous savez comment je suis, je donne la parole à ceux qui la réclament et on espère que vous allez permettre de faire remonter notre audimat. Je vous laisse le loisir d’interrompre Oscar Tacos dès que vous le souhaiterez. Oscar, on vous laisse reprendre.



Le jeu distribue comme je le disais des points d’expérience qu’il faudra par la suite répartir au choix dans plusieurs axes d’amélioration : la mâchoire pour faire mal, la cuirasse pour une meilleure résistance, la queue pour une plus grande mobilité, … Evidemment, les évolutions les plus puissantes sont également les plus onéreuses, il va falloir croquer sévère pour ramasser le plus de points possibles. Et donc faire des allers et venues dans les différents tableaux de chaque monde, chacun proposant un ennemi thématique différent montant crescendo en dangerosité. Pour progresser dans ces tableaux, il est nécessaire de cumuler des points, de faire monter sa créature en puissance, puis de trouver l’équilibre dangerosité / rentabilité pour espérer monter plus vite en standing. Vous l’aurez peut-être compris, il s’agit d’un action-RPG.



De temps à autres, on trouve sur notre route des orbes colorées : les bleues donnent des points d’évolution en rab, c’est comme ça, c’est cadeau et ça fait plaisir ! Les rouges permettent même de transformer de façon temporaire sa créature en une forme alternative dont l’intérêt est variable, mais dont la puissance peut être draconienne. Quant aux vertes, elles permettent de transformer à tout moment sa créature en une forme déjà incarnée : le jeu propose de tenir un registre et d’y inscrire la bête que l’on dirige à l’instant T. Grâce à l’orbe verte, il est possible de faire prendre la forme d'une de ces existences des temps immémoriaux à notre petit protégé, et si cela n’est que temporaire, ça fait toujours plaisir et peut parfois aider à se sortir d’une situation complexe. En disposant tous ces items dans le monde, la bonne mère Gaia a été généreuse avec nous ! « C’est tout de même étrange ce que vous dites là, une puissance supérieure qui favorise une espèce, moi ça m’interroge. »



#Ah merci Norbert Feurisson de soulever un point important, le public se manifeste sur internet, nous avons même reçu le sms de Franck, un fidèle téléspectateur, qui se demande s’il n’y a pas un complot derrière tout ça. Mais vous semblez dire que oui. « Absolument Virgile Harouna, depuis le début ce monsieur Tacos présente son jeu comme une grande vision de l’évolution, où une force occulte qu’il ne cite jamais, ou sous un nom abstrait, aide une forme à progresser au détriment des autres. C’est conforme à ce que l’on voit aujourd’hui, certains manipulent les opinions et l’Histoire, et je vais vous dire qui ils sont, ce sont les Pokémons. » Ca alors les Pokémons, mais bien sûr, comment avons-nous pu passer à côté ? Oscar, pourquoi vouloir dissimuler cela au public ? Franck, que je remercie, réagit par un sms et signale lui aussi que les Pokémons sont partout, qu’avez-vous à répondre à ça Oscar Tacos ?


Moitié oiseau, moitié lézard, Draaaaaaaconnard


Alors là, vous me voyez confus. Le jeu est comme je le disais auparavant de l’ordre du divertissement, il est même parfois parodique. Les situations sont souvent cocasses et aidées par une réalisation aux petits oignons : les différentes époques sont toutes bien distinctes, avec des environnements qui leur sont propres, c’est bien fichu. Les sprites et animations de tous les protagonistes du jeu sont bien variés, c’est un régal de les voir interagir, leurs mimiques lorsqu’ils sont blessés sont souvent poilantes ! L’humour est omniprésent, voir par exemple que les rogons, une forme évoluée de requins chevauchant leurs congénères et armés de pistolets laser, cherche à conquérir le monde au début de notre période est révélateur de la folie ambiante que EVO dégage. D’ailleurs, il sera parfois possible d’accéder à des fins alternatives en fonction de choix que l’on aura accomplis. Gaia commente ce que devient le monde si l’on accepte de suivre telle ou telle espèce dominatrice. « Oui, et tout cela à dessein des Pokémons, bien entendu. »



#C’est vrai Norbert que ce que vous dites a du sens. Twitter est unanime, une force occulte tire les ficelles en ce bas monde. Ebola est d’accord nous, et l’audimat aussi puisque grâce à vous nous commençons à battre des records d’audience. Si ça ce n’est pas la preuve que popularité rime avec sincérité ! « Vous voyez Virgile, les gens ne sont pas dupes. La vérité finit toujours par éclater aux yeux, c’est malheureux que je sois interdit d’antenne partout ailleurs, ça montre que nous sommes tous manipulés par certains qui ne veulent pas nous faire entrevoir ce qu’ils nous cachent. » Ah mais merci, un grand merci à vous Norbert Feurisson, ce sont des gens comme vous qui nous permettent de partager la voix de ceux que l’on cherche à bâillonner, mais je ne vous bâillonnerai pas, foi de Virgile Harouna ! « Oui, et j’irai plus loin en affirmant ici que, pour m’être moi-même rendu au Bourg-Palette, et contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, non, les centres Pokémon n’ont jamais existé »



*brouhaha*
*coupure pub immédiate*



#Je dois présenter mes excuses à notre public, les propos tenus ici par notre invité étaient inappropriés et nous lui avons demandé de quitter le plateau. C’est un dérapage, vous comprenez bien, et pour montrer à quel point je suis en désaccord, je vais donner la parole à notre nouvel invité, le député des Francs Nains Soumis Luigi Bobard. « Bonjour Virgile Harouna, tout d’abord tiens à signaler que ce n’est pas en tant que député Franc Nain Soumis que je serai présent ce soir, je ne viens pas ici pour parler politique ni faire de polémique. »



*deux minutes plus tard*

« Vous êtes tous des fascistes ! Cette émission est une tribune fasciste ! J’en ai pour preuve les représentants du Rassemblement Rationnel qui y viennent en nombre ! »

*brouhaha*


"Tiens bons papa !" alors que le paternel est devenu un rôti : c'est bon, l'humour n'est pas mort


#Ecoutez-moi, non mais écoutez-moi mes petites beautés. Je suis un humaniste, vous le savez bien, d’ailleurs Franck l’a rappelé dans son dernier sms, merci Franck. Cette émission, elle est libre et chacun peut s’y expliquer librement, je me battrai pour que chacun puisse venir pour parler ici et personne, je dis personne, ne peut être interdit de parole sur ce plateau…


Traduction : "Ok c'est triste, mais c'étaient des cons"


*dix secondes plus tard*

#Non mais de où tu dis ça connard, tu respectes la main qui me nourrit, tu sais où tu es hein, tu sais où t'es ? T’es qu’une une merde, t'entends, t'es une grosse merde ! Tout ce que t’as c’est parce que ta tata nous l’a demandé ! « Tu sais ce qu’elle te dit Harouna, ma tata ? »

*brouhaha*
*coupure pub immédiate*



#Bon voilà, on a fait partir l’autre con et je viens d’être informé que l’ARCOM allait nous déprogrammer, soirée de merde, merci Oscar Tacos, alors là merci, vous pouvez finir de parler de votre truc là, de toutes façons tout le monde s’en branle…
Ben voyons… Je n’ai dit que du positif sur le jeu jusqu’à présent, mais tout n’est pas si rose au final. Déjà, je l’ai dit, l’essence du jeu est l’obtention des points d’évolution. Le problème est que les ennemis en rapportent en général assez peu et que les gros axes d’évolution en réclament beaucoup. Il faut donc passer beaucoup de temps à en cumuler, ça en devient vite bien lourdingue. D’autant plus qu’à chaque fois que notre créature tombe à court de vie, il n’y a pas de game over mais Gaia nous renvoie sur la carte du monde en cours, mais en divisant de moitié le pactole d’évolution, la garce.



Pour la plèbe, ça passe encore puisque tout ce beau monde est peu résistant, mais dès qu’un boss se pointe, ce n’est plus la même tambouille. Ah ça non. Des sacs à PV, bien violents, qui mettront peu de temps à réduire nos chances à néant. Persévérance sera le maître mot (et aussi le sacrifice de quelques points d’évolution, car une évolution, même minime, recharge instantanément toute l’énergie. Pensez-y, ça sauve des vies). Pour autant, le jeu nous met une grosse douille (alias le 49.3 de l’évolution) dès que le scénario force la transformation la créature en une autre espèce, puisque d’une bestiole tunée des jantes au pot d’échappement vous passez à une victime expiatoire sans le moindre point d’évolution en poche. Bref tout en bas de l’échelle sociale. C’est laid.



Mais le gros point noir, c’est la bande-son. On commence par une mélopée vraiment chouette, bien dans le trip du jeu et de l’expérience à vivre, les fonds marins sont porteurs d’espérance qui nous font dire que oui, on a du lourd. Dès l’époque des amphibiens, patatras, des sonorités grotesques perturbent le groove, ça le fait moins déjà. Et puis viennent les dinosaures… Une boucle de même pas dix secondes, répétée encore et encore et encore, avec parfois quelques variations de rythme selon les tableaux. Et cette boucle de merde va nous accompagner JUSQUE. A. LA. FIN. DU. JEU. Wow, je suis complètement dévasté. Sortie de route incompréhensible, comment peut-on à ce point se planter ?



Et pourtant Virgile, vous savez quoi ? L’équilibre est tout de même maintenu. Alors oui, il y a de sévères manques et la construction des tableaux est totalement passée à l’as, mais ce qui prime au final, c’est bien l’expérience unique, le trip fait sous acide. Et elle est bien là, présente et toujours bien retranscrite. Il se dégage une atmosphère new age vraiment chouette, la touche d’Enix est bien là et on sent parfois comme un air d’ActRaiser ou d’Illusion of Time par exemple. EVO est un vrai jeu bien complet, qui remplit parfaitement son rôle d’ovni, et qui s’offre en plus le loisir d’être une aventure à géométrie variable, à refaire en privilégiant de nouvelles évolutions ou en exploitant les quelques secrets dissimulés.



#Eh ben voilà, pas trop tôt le con, merci d’avoir saboté l’émission, même Public Sénat a fait un meilleur score c’est du jamais vu bordel. C’était la dernière de « Touche pas à mon pad », les chroniqueurs sont tous partis, Ebola m’a plaqué, à la question « pour ou contre, l’homme descend-il du cafard ?» on n’a eu qu’une seule réponse et c’est Franck qui que pour l’homme il ne sait pas, mais que moi y’a pas de doute… Voilà, je finis seul comme un romano en filmant avec mon portable… Putain c’est laid, je rends l’antenne et me voilà au chômedu !


Chouette ! Mais je crois que ça s'est un peu perdu en route, vous pouvez faire un duplicata ?


Ah mince, je n’y repense que maintenant, ça m’était totalement sorti de la tête quand l’autre benêt a parlé de Pokémons qui dirigent le monde, mais à la fin du jeu on apprend que tout était un plan élaboré par des extraterrestres pour conquérir le monde. Ca devrait vous aider à redécoller, hein Virgile… Virgile ? Ah ben voilà qu’il s’est pendu avec la manette le con… Il aurait dû consulter, faut toujours faire gaffe de comment les choses évoluent !
Le point de vue de César Ramos :
Expérience double :jamais partagée en Europe et douloureuse pour le portefeuille.