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Michael Jordan : Chaos in the Windy City
Electronic Arts - 1994
Space NBA Jam par Fungus

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Mon cul. Mon cul Justin Timberlake. Mon cul Christiano Ronaldo. Mon cul Jean-Sigismon du Secret Loft 4. MON CUL. Bon sang, par les burnes d'Astaroth, c'est tout ce qui nous reste en ce XXIème naissant ? Ces résidus de l'industrie des produits plastiques ? Ces baudruches remplies d'air tiède et de flatulence molle ? Des putains de déjection de végétariens ? De gauche ? Un peu d'air je vous en prie, je me sens défaillir. Il y a de quoi, soyons francs. Parce que je pose la question qui est sur le point de dégouliner de vos lèvres : qui a vraiment tué Robert Boulin ? Ah non, merde. Attendez, j'ai mélangé mes fiches. Ah oui, voilà : elles sont où nos figures d'idôlateries des années 90 ? Celles qui donnaient du brillant à nos yeux, du sucré à nos rêves et peut-être parfois quelques érections intempestives ? Mon cul Justin Bieber. Qu'on le balance dans le bac à compost, la crème pâtissière ça ne se conserve pas et c'est trop gras pour mes artères. Et ramenez-moi les figures charismatiques de ma tendre adolescence. Vous avez quoi en stock ? Shaquille O'Neal ? Haha, bien joué petit malin mais on s'est déjà fait avoir. Je veux l'autre noir là, celui qui dansait avec un blanc tout maigre, vous savez là, Michael Jackson. Jordan, voilà, je veux Michael Jordan.



Tout joueur de plus de vingt ans ayant possédé une Super Nintendo ou un Mega Drive – à défaut un ami aux parents plus généreux ou mieux payés que les vôtres – gardent la marque glacée d'une partie de Shaq-Fu à un moment ou un autre de leur enfance cotonneuse. Que l'on ait été gratifié par un tonton croyant bien faire en offrant un jeu avec le gros noir alors superstar ou que l'on ait vu le jeu échouer dans sa console après qu'un ami se soit fait avoir et ait décidé qu'il ne serait pas le seul, nous avons souffert. Partant de là, ce Michael Jordan, c'est ce chocolat abandonné au milieu du carton, que l'on croit fourré d'une pâte d'amande dégueulasse et que l'on regarde avec soupçon puis dédain. Pourtant, la vilaine friandise peu parfois se révéler une fois sous la dent être une tendre ganache au Cognac. Oui j'ai subi des Noëls gustatifs décevants qui ont entretenu ma haine de la pâte d'amande. Que le pâtisser démiurge à l'origine de ce truc soit cuit dans le caramel de l'Enfer.



Michael Jordan sur Super Nintendo. Je n'en ai pas rêvé, ils l'ont tout de même fait. Soit. Maintenant qu'on l'a dans les mains, autant voir comme il se défend. J'ai payé, j'ai le droit. Le postulat de l'objet : votre équipe des Bullots de Chicago – les Chicago Bulls pour les non-anglophones – s'est mystérieusement vaporisée à votre retour dans les vestiaires après une séance de dédicace de votre dernière godasse. Un message au marqueur épais est écrit sur le pense-bête collé à votre casier : "Mardi – anniversaire de Mamie/ Jeudi – penser à prendre la trithérapie de Magic Johnson chez le pharmacien/ Aujourd'hui – J'ai kidnappé tes coéquipiers pour en faire des mutants ou les vendre à une boucherie halal. Dr. Cranium Maximus, bisous". Peste, la journée s'annonce chargée et c'est mal engagé pour les play-off.



J'ai donc dans les pattes un grand échalas en short, que je vais devoir faire trottiner au fil de niveaux pour une grande partie de cache-cache et de démonstration de dunk. Soit. J'ai joué à plus obscur après tout. D'autant que la chose s'annonce bien moins nauséabonde qu'il n'y parait. Plate-forme action, plate-forme réaction. Enfin, je me comprends. On débarque en terrain connu, pas de crainte, suivez la ligne jaune. Pas plus mal j'ai envie de dire. On sait de suite ce que l'on a à faire, sans cherche à se dépatouiller d'une tentative de gameplay aussi innovante qu'un soufflé à l'eau. Donc on court, on saute, on grignote du bonus et on cherche à préserver sa petite santé. Bon. En ce qui me concerne, je dis banco. D'autant que ce qui se lit sur le papier se vérifie à l'écran. Car ce jeu roulant des mécaniques sous l'éclat du nom de Michael Jordan évite avec adresse les chausses-trappes et les croque-en-jambe en empruntant un sentier sûr et balisé. On pourrait pousser un soupir devant le manque d'audace ; on préférera pousser un ouf de soulagement devant le pas de deux qui permet d'éviter un péril annoncé. Parce que déshabillé de ses oripeaux de titre capitalisant sur une frimousse célèbre jusqu'aux confins du Cosmos, MJCITWC – souffrez cet acronyme – est une soupe cuite dans un vieux pot, garantie d'une certaine qualité.





A peine le temps d'enfiler un short et de passer un coup de déostick que nous voilà déjà à dégommer du mutant au détour de sombres couloirs sous-terrains. Hop hop, on est rapidement dans le bain : les réflexes s'obtiennent rapidement et les contrôles sont pur sucre. Notre sportifs court, saute et défend son intégrité ainsi que celle de ses contrats publicitaires avec ce qu'il maîtrise le mieux : un club de golf. Je déconne. Un ballon, bien entendu, tas de cons. On retrouve ainsi la formule usée parfois jusqu'à la toile : l'armement basé sur la thématique du personnage titre. Passons en vitesse poliment. Pas que l'armement d'ailleurs. L'environnement tout entier est au diapason avec le monde du basket-ball. Vous disposez d'un panel de ballons offensifs spectaculairement classique : ballon de feu, de glace, à tête chercheuse, explosif, multiple, salade, tomate, oignon. Pas de quoi en faire un anévrisme de surprise mais suffisamment efficace pour ne pas se surprendre à bailler au bout d'une poignée de minutes de jeu. Et tout ceci pour dégommer du mutant rigolo, lui aussi se pliant à la thématique globale. C'est assez grotesque mais ça m'a arraché quelques sourires. Vous aurez donc à vous farcir des zombies à tête de ballon, des joueurs gorgés de stéroïdes, des cyborgs par paquets de douze, des mutants divers, d'adorables robots ballons et quelques chauves-souris histoire de décorer. Les boss sont à l'avenant, l'adversaire final en chef de file. Autant dire que si le basket vous donne de l'érythème, passez poliment votre chemin. Continuons en petite foulée.



Si votre pécule de vies ne craindra pas les assauts répétés de la faune hostile, ce sera en revanche plus souvent les bêtes glissages et dérapages qui vous entraîneront vers une mort rapide, honteuse et faisant des taches qui ne partent pas à 60°. Car pour s'orienter et progresser dans ce jeu, mieux vaut ne pas attaquer celui-ci le lendemain de la feria de Dax et avoir les idées claires. Non pas que vous devrez déambuler dans le labyrinthe de Crète mais les niveaux dénotent tout de même une tentative de briser une certaine linéarité. D'aller en retour, de monté en descente, de diagonale en heu... diagonale inverse – vous aurez saisi l'idée – vous mettrez à l'épreuve l'endurance de votre échalas afro-américain. Oh certes, la construction desdits niveaux n'est pas non plus d'une finesse à en rester comme deux ronds de flan mais l'effort est là. Car effort il y a en effet. Qu'il s'agisse de la collecte de clés, pour tenez vous bien, ouvrir des portes – Nes Pas ?, le site qui te prend pour un jambon –, d'actionner des leviers pour activer des plates-formes ou encore débusquer des passages dérobés, votre parcours est loin d'être une autoroute belge. Et ça, le joueur qui flairait l'attrape-couillon, il apprécie.



Ce Michael Jordan est rudement chouette en fin de compte. Sa première qualité est de passer l'épreuve du "jeu à licence dont on n'aurait pas parié que l'on pourrait tirer quelque chose de potable". Ce qui le place d'emblée au-dessus d'un tombereau de jeux sortis à la même époque et reposant désormais dans le bac à compost de l'histoire. Partant de ce postulat, jusqu'où va-t-on ? Vers un jeu correctement fignolé et suffisamment riche pour nous pousser à voir la fin. On évite l'écueil de la linéarité bête et paresseuse, l'ambiance décalée tenant la route, pour peu que l'on ait le sens de la déconne. Bref, un titre qui ne part pas en miettes une fois le premier niveau terminé. Oh certes, il ne pourrait avoir la prétention de jouer dans la cour – ou le terrain, haha der gross poiläd – des grands. Mais doit-on pour autant lui fermer la porte au nez ? Pour vous oui, peut-être. Mais vous êtes un électeur de droite. Pour ma part, j'y ai trouvé une bonne surprise qui tient en haleine jusqu'à la dernière goutte et qui fait front face à la houle des ans. Si je m'écoutais, j'en viendrais même à le recommander tiens.

Le point de vue de César Ramos :
Plus commun que des Air Jordan et surtout beaucoup moins cher.